Si tu revenais

"Bonjour, je m'appelle Céline Quentin, j'ai 34 ans. J'ai pris le nom de mon conjoint. Je me revendique féministe uniquement sur le papier, mais devant les conventions sociales et la pression maritale, je me suis écrasée comme une carpette.

Plus jeune, j'affichais quelques rondeurs, mais maintenant, avec vingt de plus et deux grossesses, je me rapproche de la maman éléphant. Mon "grand" va avoir 4 ans et mon dernier est arrivé en décembre. Bien évidemment, je ne peux donc pas sortir sans un vêtement taché de vomi.

Actuellement, je suis en congé parental, autant dire que mon statut social se situe en dessous de celui d'une protistuée. C'est bien connu que la première question que l'on pose à quelqu'un lors de la première rencontre, c'est : "Que fais-tu dans la vie ?". Ce qui implique que quand ma réponse se résume à : "femme au foyer", je sens dans le regard des gens au mieux de la surprise et au pire du dédain."

Nul doute que face à une telle présentation, mes anciens compagnons de voyage ressentiront une envie irrépréssible de reprendre contact avec moi.

En effet, la monotonie de mon existence m'a incitée à me replonger dans mes souvenirs d'adolescence. Protégée par mon écran, j'ai décidé de contacter mes deux amies des airs, enfants de divorcés comme moi. Nous étions trois à effectuer des vols bimensuels pour rendre visite à notre père respectif. Que sont devenus Antoine et Julien?

De toute façon, probablement que leur rêve ultime ne consiste pas à conserver avec une glandeuse enrobée arborant un look rose bonbon (parce qu'avec trois mecs à la maison, je dois me démarquer) et couverte de régurgitation.

Dois-je mettre mon honnêteté au placard ou laisser tomber cette démarche qui risque de compliquer ma vie bien organisée ?